9/21/2010

Une nouvelle étude française sur les projets informatiques

Une nouvelle étude française sur les projets informatiques confirme les taux d’échecs inquiétants annoncés par le Standish Group et les études anglaises sur les projets IT publics (cf ce précédent article). L’étude, menée par un cabinet spécialisé dans le redressement de projets en difficulté, Daylight, porte le nom d’Observatoire des Projets. Sans avoir pour l’instant de chiffres précis, les premières communications de résultats montrent encore une fois que les dépassements de délais et de budgets sont la norme plus que l’exception.


Ces résultats corroborent la pratique quotidienne et la réalité que les chefs de projets informatiques constatent sur le terrain. J’avais l’autre jour encore dans mon bureau un jeune ingénieur prometteur qui a fuit une grande SSII : il s’est retrouvé dans un centre de service de 25 personnes, pour le compte d’un grand compte du CAC40, piloté par un consultant à peine plus âgé que lui, dans les 3 ans d’expérience, dont c’était la première expérience de management. Il se trouvait quotidiennement confronté aux remontrances du client consécutive du mauvais pilotage. Mais peut-on vraiment en vouloir à un chef de projet junior, sans réelle formation pour cette mission, parachuté à la tête d'une grosse équipe et devant gérer les attentes légitimes d'un client face à une telle organisation ? Certes la pression sur les coûts amène les SSII à s’adapter en prenant des risques. Mais confier à un débutant le pilotage d’un gros centre de service, sans support sérieux, est juste l’assurance de l’échec. Ce n’est malheureusement qu’une anecdote parmi les nombreux exemples que j’ai eu l’occasion de constater.

Il faut souhaiter que cette étude ne se borne pas à un constat alarmiste, et vienne au contraire analyser les causes de cette situation. Quelques pistes sont données dans l’article, mais elles décrivent une situation telle qu’une analyse plus poussée semble nécessaire. D’après l’étude, il faudrait reprendre de vrais basiques et la notion même de  projet formel serait à promouvoir ! On en serait au niveau 0 du CMMI, ce qui semble difficile à croire à part des situations isolées … Mais sans aller jusque là, et pour rester positif, il est certain que beaucoup d'organisations manquent de maturité sur la gouvernance des projets et disposent d'un bonne marge de progrès.

Peut-être la conclusion viendra-t-elle conforter les enseignements des études anglo-saxones, mettant la qualité de la maîtrise d’ouvrage et l’implication des utilisateurs au cœur des facteurs de succès des projets. Ceci nous aidera peut-être à convaincre plus efficacement les directions informatiques et métiers à appliquer les bonnes pratiques que l’on retrouve notamment dans les méthodes agiles : itérations courtes dans les projets, construction progressive des applications, implication des utilisateurs régulière et participation active et impliquante du sponsor à la charnière entre les itérations, ainsi qu'une politique de tests systématiques et automatisés imbriqués à la réalisation.